Planifier un avenir : Que faut-il faire?

Il était difficile de ne pas remarquer l’excitation qui régnait lorsque « D. » a reçu son certificat de citoyenneté. La cérémonie du serment de citoyenneté a marqué un nouveau départ pour ce jeune homme. D. pourra désormais planifier son avenir et se sentir véritablement intégré dans une société qui, jusqu’à présent, lui avait tant refusé.

L’année dernière, j’ai décrit les opportunités manquées pour un jeune homme que nous appellerons D, afin de protéger sa vie privée et sa confidentialité. (Voir l’article Le CWICE offre de nouvelles possibilités après les occasions manquées).

Il s’agit d’une mise à jour heureuse de son histoire.

D est arrivé au Canada en tant que résident permanent à l’été 1999. La même année, il a été placé en foyer d’accueil. Malheureusement, sa demande de citoyenneté n’a pas été présentée lorsqu’il est devenu éligible en 2004. D. a passé toute son enfance canadienne sous la tutelle d’une agence de protection de l’enfance de l’Ontario. Lorsqu’il a commencé à vivre de manière indépendante en tant qu’adulte, et sans le soutien d’une agence, il a rapidement perdu ses documents d’identité. D. s’est retrouvé dans l’impossibilité de demander une nouvelle carte de résident permanent. Il n’a jamais pu rendre visite à sa mère à l’étranger, car il faut prouver son identité et son statut d’immigrant pour voyager, et disposer d’un passeport valide pour le faire.

Lorsqu’on lui a demandé quelle serait la première chose qu’il ferait avec sa nouvelle citoyenneté canadienne, D. a répondu, avec un large sourire : « Je peux enfin faire des projets pour l’avenir et me sentir en sécurité. Je peux même avoir un passeport canadien et planifier un voyage à l’étranger avec mon enfant! Je pourrai rendre visite à ma mère, pour la première fois depuis mon arrivée au Canada! »

D. a été orienté vers le CWICE par un professionnel de la santé communautaire qui se souciait de son avenir; ce qui suit est un bref compte rendu de la manière dont de telles orientations vers le CWICE peuvent changer des vies.

Le travail du CWICE avec D. a comporté de nombreuses étapes, à commencer par une évaluation complète de son histoire pré- et post-migratoire. Malheureusement, l’accès de D. à ses antécédents migratoires était limité et bon nombre des documents requis pour demander sa citoyenneté n’étaient pas disponibles. Au cours de l’un des nombreux entretiens avec D., il a été établi qu’il possédait une copie de sa fiche d’établissement - qu’il n’avait pas reconnue au départ. La découverte d’un document relatif à l’histoire de l’immigration a marqué le début d’une relation de travail très fructueuse avec D.

En tant que spécialiste de l’immigration du CWICE, le travail entrepris comprenait des vidéoconférences et de nombreux appels avec D., la demande d’un passeport du pays d’origine de D., l’obtention de nouveaux documents d’identité, la fourniture d’une défense solide et l’assistance à la finalisation de sa procédure de demande d’octroi de la citoyenneté. Ce processus de trois ans a abouti à un moment de grande joie - pour moi, mais surtout pour D.

Au cours de mes échanges avec lui, D. faisait souvent des commentaires : « J’aimerais faire mieux. Je veux que mon fils soit fier de moi ». Ce jour est arrivé récemment, ce jour-là, le père et le fils étaient en effet très fiers!

Cette réussite n’est qu’une parmi tant d’autres. Prenons, par exemple, le cas de « T. », un enfant de 12 ans pris en charge par sa famille. La personne qui s’occupe d’elle avait du mal à joindre les deux bouts, car elle devait payer l’école privée de T., l’enfant n’ayant pas de statut d’immigré au Canada. T vit au Canada depuis l’âge de cinq ans. Elle a eu la chance que son parent biologique soit citoyen canadien au moment de sa naissance. Grâce à l’orientation vers le CWICE, effectuée par l’assistante sociale, T a réussi à obtenir sa citoyenneté. Elle peut désormais faire une demande de carte d’assurance-santé provinciale, avoir un passeport et profiter de tous les autres avantages liés à la citoyenneté.

Lorsque j’ai demandé à T. quelle était la chose la plus importante qu’elle ferait après avoir reçu son certificat, elle a répondu : « Jouer au football avec une ligue de football. Ils m’ont renvoyée parce que je n’avais pas d’assurance santé ». Elle m’a ensuite demandé si elle pourrait désormais aller à l’école publique comme ses amis et partir en voyage avec sa famille. Pour T. et sa famille, l’obtention de son certificat de citoyenneté a changé leur vie. En obtenant ce statut d’immigrée, T. a senti qu’elle pouvait désormais être officiellement considérée comme faisant partie de la famille. Elle savait qu’elle était à sa place et ses proches le savaient aussi, allant même jusqu’à demander un logement plus convenable pour eux tous. L’aidant familial a également fait remarquer que T. « fera un jour des études postsecondaires avec les économies qu’ils ont constituées pour elle, maintenant qu’elle peut avoir un compte en banque! »

Ces deux cas, et bien d’autres, prouvent que nous pouvons inverser ou atténuer l’impact des mauvais résultats en fournissant un soutien à l’immigration et en défendant les enfants, les jeunes et les familles impliqués dans la protection de l’enfance. Si vous pensez qu’un enfant ou un jeune (ou une famille) bénéficiant des services d’une agence de protection de l’enfance peut bénéficier de nos services, n’hésitez pas à nous en référer, car nous savons que cela peut changer une vie!