CWICE offre de nouvelles possibilités après des occasions manquées

Son silence en disait long : il ne voulait pas se souvenir de ces moments honteux de sa vie. Il venait de rencontrer le spécialiste de l’immigration du CWICE, après des semaines de tentatives infructueuses d’appels téléphoniques et de courriels. Ce qui suit est une partie du récit de son voyage - une histoire d’occasions manquées.

Lorsque D. a perdu sa carte de résident permanent (RP), sa carte d’assurance sociale et son permis de conduire, il a demandé de l’aide à l’organisme de protection de l’enfance avec lequel il avait travaillé pendant la majeure partie de sa vie. La révélation a été brutale : il n’y avait pas de copie de sa carte de résident permanent ni de trace de son arrivée au Canada. Incapable de demander la citoyenneté, ou d’accéder aux services et à l’emploi, D. a été orienté vers le CWICE en 2019 par un professionnel de la communauté.

L’aiguillage de D. au CWICE est survenu juste avant que le monde ne soit aux prises avec la pandémie de la COVID-19 et que l’avenir s'assombrit pour beaucoup, en particulier pour une personne issue d’un groupe minoritaire vivant dans la pauvreté et l’itinérance, et pour une personne présentant une déficience intellectuelle importante. Au fur et à mesure que D. partageait son histoire avant et après son immigration, et son implication en tant que jeune personne avec la protection de l’enfance, des images d’opportunités manquées ont commencé à émerger. D. était admissible à la citoyenneté il y a des années, mais ne l’a appris que maintenant.

Les systèmes de protection de l’enfance et d’immigration sont complexes. Cela m’attriste de penser aux nombreuses opportunités que ce jeune homme a manquées, parce que les renseignements dont il avait besoin ne lui étaient pas accessibles.

En 2019, D. a demandé une évaluation psychopédagogique complète qui a identifié une déficience intellectuelle. Le CWICE a posé à D. des questions clés sur son histoire en matière d’immigration, et nous avons découvert qu’il avait bien une copie de sa fiche d’établissement. C’était une énorme avancée qui signifiait que nous pouvions maintenant soumettre sa demande de citoyenneté.

Lorsque le CWICE a rempli la première de ses nombreuses demandes, j’ai demandé à D. : « Qu’est-ce que tu aurais aimé savoir plus tôt? » Voici sa réponse : « J’aurais aimé connaître mes difficultés intellectuelles et savoir comment demander les choses dont j’avais besoin pour les surmonter. »  J’ai demandé à D. ce qu’il voulait dire par là, et il a répondu :

« Si j’avais su quoi faire, ou que je pouvais vraiment parler à mon travailleur social et demander des choses comme des programmes et des activités spéciales, les choses auraient été très différentes.  Je ne serais pas passé à travers les mailles du filet. »  Il a fait une pause et a ajouté : « Il doit y en avoir beaucoup d’autres, comme moi, qui sont passés à travers les mailles du filet -  parce que nous sommes Noirs, pauvres, sans parents, et quand les mailles sont pleines, on nous recouvre d’asphalte, et personne ne sait même que nous sommes là. »

L’histoire de D. nous rappelle tout ce que le secteur de la protection de l’enfance doit apporter, apprendre et explorer pour relever les défis posés par les questions d’immigration, l’ethnicité et les capacités intellectuelles individuelles. Nous devons engager les individus et les communautés en renouvelant les opportunités, même si c’est une seule personne à la fois. En tant qu’intervenant clé dans le secteur de la protection de l’enfance, nous changeons, nous nous transformons et nous devons saisir cette nouvelle opportunité. Nous devons apprendre de l’expérience de D., afin de faire partie de la solution.

La voix de D. est incroyablement importante, et au CWICE, nous apprécions ses idées. Son histoire souligne l’importance d’élargir l’étendue de nos connaissances sur le croisement de la protection de l’enfance et du statut d’immigrant non résolu.

Si vous souhaitez en savoir plus sur la manière de reconnaître et de traiter les problèmes d’immigration non résolus qui affectent nos enfants et nos jeunes, veuillez vous inscrire aux modules d’apprentissage du CWICE sur notre page Formation.

À propos de l’auteur :

Fatima Mukai est travailleuse sociale préposée à la protection de la jeunesse et spécialiste de l’immigration au Centre d’excellence en protection de l’enfance et immigration à la Société d’aide à l’enfance de Peel. Fatima a rejoint la Société d’aide à l’enfance de Peel en 2017 en tant que travailleuse sociale spécialisée en continu, au sein d’une équipe dédiée au service des familles et des enfants confrontés à des problèmes d’immigration et d’établissement. Fatima a 20 ans d’expérience, travaillant avec des familles vulnérables, et est spécialiste de l’immigration au CWICE depuis 2020.